L’intégration de l’art à l’architecture, une partie méconnue de notre travail

27 Jan 2023
Stéphan Langevin
Architecte associé principal et Chef de pratique en conception

Cette semaine ont été annoncés en grande pompe les noms des 5 artistes qui seront impliqués dans les projets des 5 stations du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal. Depuis son inauguration en 1966, le métro de Montréal se distingue par la large place qu’il a laissée à l’art public, et ce, dans chacune de ses stations. Une collaboration étroite entre les architectes et les artistes a donné naissance à des œuvres marquantes qui aujourd’hui font la fierté du réseau et contribuent même à sa notoriété au niveau international. 

 

À la station Lacordaire, sur laquelle nous travaillons depuis plus de deux ans, c’est l’artiste Alain Paiement avec qui nous collaborerons. Le travail d’Alain, artiste sensible et passionné, et aussi professeur associé de l’École des arts visuels et médiatiques, combine la peinture, la photographie, les installations et l’architecture. Premier Québécois invité au Whitney Museum de New York, en 1992, pour l’exposition Power of the City/City of Power, il a enseigné dans plusieurs universités et a exposé dans plusieurs endroits dans le monde. 

 

Peu de gens le savent, mais l’intégration de l’art à l’architecture fait partie intégrante de notre travail. En effet, à l’instar de la STM, depuis 1961 le gouvernement a instauré la politique dite du 1%. De son nom officiel, la Politique d'intégration des arts à l'architecture et à l'environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics permet de réserver une partie du budget de construction (1%), d'agrandissement d'un bâtiment ou d'un site public pour la réalisation d’une ou de plusieurs œuvres d’art conçues spécifiquement pour ces lieux. 

 

L’implication de l’architecte est essentielle à la réussite de l’intégration de l’œuvre. Élaboration du programme, délimitation de l’emplacement réservé à l’œuvre, participation au jury qui décidera de l’artiste et/ou de l’œuvre choisie et coordination des aspects techniques ne sont que quelques-unes des responsabilités qui nous incombent dans le cadre du programme d’intégration. 

 

Dans le cas de la station Lacordaire, selon la volonté de la STM, cette collaboration est encore plus étroite, et le travail est déjà commencé. Alain dit adorer notre station, ce qui évidemment facilite notre travail : « J’adore ce bâtiment, pour son élégance et, surtout, pour la particularité de la situation : une paroi de verre visible des deux côtés et traversée par la lumière du jour du matin à la fin de l’après-midi. Ce sera majestueux. Je suis en plein processus de création en ce moment. Je recherche un effet de profondeur de champ en utilisant des dégradés, des variations d’opacité et de couleur. L’image peut évoquer des réseaux neuronaux, une structure cartographique complexe ou des constellations improbables dans un amas d’étoiles innombrable ».  

 

Pièce centrale autour de laquelle la station se déploiera, de l’édicule jusqu’aux quais, le résultat risque d’être spectaculaire. Nous espérons que cette œuvre inspirante sera à la hauteur des hautes attentes de la STM et qu’elle fera partie intégrante, dès son inauguration, du riche patrimoine artistique du réseau de métro montréalais. Mais par-dessus tout, notre plus grand souhait, c’est qu’elle sache égailler le quotidien et faire sourire les milliers de personnes qui la fréquenteront quotidiennement.